Artiste-chanteuse devenue cheffe d’entreprise, Madéka s’impose dans le doublage et la post-production, avec une mission : promouvoir l’excellence et inspirer la jeune génération.
La présence de la patronne de Cinekita, (structure spécialisée dans ces domaines) est une belle surprise pour ces étudiantes. En cette matinée ensoleillée du 7 mars 2025, elles ont l’occasion d’effectuer, en sa compagnie, la visite des locaux situés dans les environs de la Commission électorale indépendante (Cei) à Cocody Deux- Plateaux afin de bénéficier des secrets de sa réussite. Les années précédentes, c’est par vidéoconférence que la patronne de Cinekita les entretenait.
Résidente à Paris, la capitale française où se trouve le siège de son entreprise spécialisée dans la production et la post-production audiovisuelle, Madéka Kouadio-Timmerman a instauré une visite guidée de ses locaux d’Abidjan depuis 2014. Plus que de simples portes qui s’ouvrent, c’est une sorte de transmission de vocation à laquelle elle tient particulièrement. Et l’adosser aux activités de la célébration de la Journée internationale des droits de la femme n’est pas anodin.
Une âme d’entrepreneur depuis l’enfance
Madeleine Aya Kouadio, de son vrai nom, était loin d’imaginer la belle trajectoire qui est la sienne. Née dans une famille très modeste, c’est dès son enfance qu’elle a dû apprendre à se battre pour subvenir non seulement à ses besoins, mais aussi à ceux de sa famille. Avec ses visiteuses du jour, elle égrène ses précieux souvenirs au rythme de ses pas. Remontant dans le présent, une époque où ses passe-temps après école étaient faits de petits commerces.
« J’ai vendu de l’eau glacée, des oranges, des beignets et des feuilles d’attiéké quand je n’avais pas cours. J’aidais également mon père dans sa blanchisserie à Port-Bouët 2 », raconte cette entrepreneure précoce, les yeux pleins de fierté.
Fille d’une chanteuse traditionnelle, la musique a toujours été présente dans sa vie. « J’accompagnais ma mère lors des cérémonies où elle se produisait avec un instrument traditionnel qui m’intriguait beaucoup. Ces moments ont profondément influencé mon amour pour la musique. Dès mon plus jeune âge, je chantais et imitais les grandes dames de l’époque comme Aïcha Koné et Reine Pélagie », se souvient-elle.
Un passage à l’orchestre de la Rti
C’est ainsi qu’un jour, elle va tenter sa chance lors d’une audition à l’orchestre de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti), dirigé à cette époque par Assalé Best. C’est lui qui va l’encourager à s’entraîner et à revenir. Une belle leçon qui lui restera à vie. Car à ce propos, elle dira : « J’ai appris que le talent sans travail n’est rien ».
Après quelques mois d’entraînement, le travail a fini par payer, car elle a été embauchée comme choriste. Elle avait 18 ans. « L’orchestre de la Rti m’a offert tout ce dont je rêvais : la musique, les voyages et le public », confie-t-elle. En 1990, la chanteuse qui se fait désormais appelée Madéka (assurément plus fun) sort Tam-tam d’Afrique qui connaît un succès, suivi du titre Nsi mi ablé en 1992. Puis surviendront d’autres chansons telles que Famaya, Assoman, J’ai 2 amours, Mokote, Sarami, Miwa.

Madeka est heureuse et fière après une journée portes ouvertes des étudiantes de l’Institut supérieur Polytechnique d’Afrique (ISPA) au sein de son entreprise.
Elle emploie aujourd’hui environ 30 personnes de façon permanente et 500 en freelance en tant que comédiens, techniciens et traducteurs. Tous les trois mois, 20 comédiens, hommes et femmes, sont reçus pour des formations afin de répondre aux besoins croissants de la chaîne de production. Et comme tout bâtisseur, elle espère que ses deux fils et ses trois petits-enfants suivront ses pas et contribueront à pérenniser l’entreprise.
Le conseil de Madéka Kouadio-Timmerman à la jeune génération est de rester passionnée et persévérante.
« N’ayez pas peur de suivre vos rêves et de travailler dur pour les réaliser. Que ce soit dans la musique ou tout autre domaine, chaque étape est une opportunité d’apprendre et de grandir.
Croyez en vous, restez authentiques et utilisez vos talents pour inspirer et apporter du changement positif autour de vous. » Même si elle se consacre aujourd’hui à plein temps à la croissance de son entreprise, Madéka n’a pas tourné définitivement le dos à la musique. Bien au contraire, elle poursuit sa première passion avec sa dernière reprise du titre Abidjan de Kéké Kassiry, sorti à l’occasion de la Coupe d’Afrique des nations organisée en Côte d’Ivoire en 2024
DANIELLE SERI
(Stagiaire)
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