En réponse, de nombreux médias ont cessé
leurs activités le mardi suivant cet appel, à l’exception de quelques journaux arborant
tous un même titre : « Journée sans presse »,
écrit en rouge et blanc sur fond noir.

Sur les chaînes de télévision, les
écrans sont restés vides, tandis que les sites web et les stations de radio se
sont limités à diffuser de la musique, sans fournir d’informations ni de
présentations en direct.

La « grève » a pour objectif de
dénoncer une pression multiforme exercée sur les
entreprises de presse par les nouvelles autorités. Parmi ces actes de répression, le gel du Fonds d’appui au développement de
la presse et la saisie des comptes de certaines entreprises de presse. En
outre, les autorités ont suspendu les abonnements de l’État aux journaux, tout
en annulant d’une manière unilatérale ses contrats publicitaires.

Le nouveau gouvernement a également
décidé de réclamer 38 milliards de francs CFA aux entreprises de presse. Le
montant se reparti en 13 milliards de francs CFA de dettes fiscales et de
25 milliards de francs CFA de redevances à l’Agence de Régulation des
Télécommunications et de la Poste (Artp).

En plus du gel des comptes des
entreprises défaillantes, les autorités ont procédé à des mises en demeures et
la confiscation du matériel de production de certains organes de presse.

« Nous ne refusons pas de payer, et
nous payons nos impôts. Par contre, ce que nous demandons, c’est que compte
tenu de la spécificité du secteur, qu’il y ait une fiscalité adaptée comme en
France et ici au Sénégal dans les secteurs de l’agriculture, du logement
social, de la santé »,

avait déclaré à la presse Mamadou Ibra Kane, président du Cdeps et patron
d’Avenir Communication.

Cette déclaration a été faite à l’issue
d’une réunion d’urgence tenue le 5 juin.

La réunion d’urgence a été provoquée
par, entre autres soucis, le gel des comptes d’Avenir Communication de la saisie de ses comptes pour un montant de 91
millions de francs CFA.

« La procédure est trop rapide. Et
on pourrait s’interroger pourquoi les impôts sont très diligents par rapport à
certaines entreprises et non pas par rapport à d’autres »,
s’est indigné Mamadou Ibra Kane, président du Cedeps à RFM,
lors d’un entretien avec la radio RFM le 12 juin.

Pour M. Kane a dénoncé ce qu’il
considérait comme l’utilisation de la puissance publique à des fins
politiciennes.  

La saisie des comptes bancaires a
contraint plusieurs organisations médiatiques, dont les éditeurs des quotidiens Stades,
Sunu Lamb 
et Vox Pop, à suspendre leur publication.

Outre ces pressions économiques, les
médias accusent le nouveau gouvernement de s’en prendre à la liberté de la
presse au Sénégal, rappelant la diatribe récente du Premier ministre lors d’une
réunion des jeunes cadres de son parti, le Pastef.

« On ne va plus permettre que des
médias écrivent ce qu’ils veulent sur des personnes, au nom d’une soi-disant
liberté de la presse, sans aucune source fiable »,
avait déclaré Ousmane Sonko le 9 juin 2024 à Dakar.

Ces propos ont provoqué une vague
d’indignation au sein de la presse, de la classe politique, et de la société
civile sénégalaise.

Cependant, la répression n’est pas
limitée à des avertissements ou menace de la part des nouvelles
autorités.  Plusieurs journalistes ont été récemment interpellés, parmi
lesquels Pape Moussa Traoré, directeur de publication du journal La Tribune, et
Mohamed Guèye, directeur de publication du journal Le Quotidien.

Ces deux journalistes ont été interrogés
par la police avant d’être relâchés le 31 mai, après avoir été accusés de
publier de fausses informations concernant le transfert d’un général de l’armée
à New Delhi en tant qu’attaché militaire de l’ambassade du Sénégal.

La Fondation des médias pour l’Afrique
de l’Ouest (MFWA) salue le sacrifice consenti par la presse sénégalaise pour
assurer sa survie face à des défis multiples dont elles font face. Nous nous
félicitons de la solidarité des acteurs des médias qui ont largement suivi le
mot d’ordre pour la journée sans presse et fait part de sa solidarité avec la
presse sénégalaise.

Nous appelons les autorités à
privilégier le dialogue et à adopter une approche plus compréhensive vis-à-vis
des entreprises de presse. Il est de l’intérêt des nouvelles autorités de
soutenir et de promouvoir une presse indépendante, car celle-ci a joué un rôle
crucial dans la consolidation de la démocratie et la préservation de la paix
sociale au Sénégal, pays qui reste un modèle de démocratie en Afrique.

Pour rappel, la MFWA, en collaboration
avec six autres organisations régionales et internationales, a récemment
adressé une lettre ouverte aux nouvelles autorités sénégalaises pour leur
demander de faire de la liberté de la presse une priorité nationale.

Lire l’article original ici.

Share.

RTI Info, chaîne digitale d'information du groupe de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne - RTI

© 2025 Ivoires Scoop. Tous droits réservés. Réalisé par NewsBlock.
Exit mobile version