La RTI, pionnière dans la promotion de
la musique ivoirienne

La Côte d’Ivoire
à l’instar des pays de l’Afrique subsaharienne a longtemps vécu à l’ombre du
parti unique avec son corollaire de médias d’Etats, qui étaient les seuls
d’ailleurs.
La radiodiffusion télévision ivoirienne (radio
et télé) qui s’inscrit dans cette vague, a été le seul média audiovisuel
ivoirien à cette époque.

Elle a donc joué le rôle de rampe de lancement de la
musique ivoirienne.
La RTI à travers ses différents canaux a ainsi permis aux artistes ivoiriens et
même ceux d’ailleurs de s’exprimer sur ses ondes.

Les émissions telles que « Podium« ,
« Nandjelet« , « Première Chance« , « Premières
Gammes
« , « Dimanche Passion»,
«Sacrée
Soirée
« , « Super Star Station » « Jamboree »
« varietoscope« (
toutes des émissions de divertissement à caractère musical) en ce qui concerne
la télévision et « Djamo Djamo« , « travailler
fini fini
« , « Masculin-Féminin, ont permis ou ont
vu l’éclosion de nombreuses vedettes et stars de la musique made in Côte
d’Ivoire.

Quand à la grosse production de la maison bleue qui n’était autre « Afrique
Étoiles » (animée par Macy
Domingo et Yves
Zogbo Junior)
, elle a vu défiler les plus illustres musiciens du
continent noir et même au delà de ses frontières.

Permettant au public ivoirien
de voir de près ses vedettes adulées de la chanson et aussi à celles ci
d’élargir leur part de marché.

Cette déferlante des artistes venus d’ailleurs sur les podiums ivoiriens avait
été à l’époque interprétée comme une colonisation de la musique ivoirienne par
celle venue de l’étranger. Une parenthèse. Passons donc.

En plus de la RTI, il faut également citer la presse écrite qui était présente
à cette époque.

En effet,  de 1960 date de son indépendance à 1990, année a qui vu
l’instauration du multipartisme, la Côte d’Ivoire comptait deux quotidiens, Fraternité Matin
et Ivoir Soir et deux magazines, Fraternité Hebdo, journal officiel du parti
démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et Ivoire dimanche (hebdomadaire de la
culture et des arts).

Ces journaux ont à leur manière, apporté leur concours dans la marche et
l’évolution de la musique ivoirienne.

L’artiste tradi-moderne Germain Bi Gokon,
plus connu sous le pseudonyme « Kayeli », dont l’un des
titres à succès (Gagloudji) a été
imposé à l’édition 1977 de la célèbre émission de l’animateur de talent Edmond Roger Fulgence
Kassy (décédé le 20 janvier 1989), nous parle de cette époque : « Avant,
il n’y avait pas d’autres médias que les médias publics. Quand on sortait une
œuvre, il nous fallait venir à la radio ou à la télé pour faire la promotion.
Je dois avouer que les responsables de ces organes de presse étatique nous ont
vraiment aidé dans notre tâche. »

À la question de savoir en
quoi à consister véritablement cette aide ?
Bi Gokon réponds sans
ambages « les animateurs de la RTI étaient des gens qui s’y connaissaient
en musique et leurs conseils étaient avisés »
, avant d’ajouter « un
homme comme RFK
(initiales de Roger Fulgence Kassy), savait jouer des instruments de musique.
Et quand il vous disait que votre album est bon soit en sûr que cela n’était
pas une flatterie. Le public l’accueillait favorablement. Et quand il disait le
contraire, soit vous aller améliorer votre produit, soit vous vous entêter et
c’est un flop que vous faites dans la vente de votre galette sonore ».

La presse écrite n’a pas été en reste de cet apport des médias à la promotion
de la culture et principalement de la musique en Côte d’Ivoire. Ivoir Dimanche
sous la férule du regretté Jérôme Diégou
BAILLY
  (1952-2009), a participé activement à la
révélation et à l’éclosion d’anciens et nouveaux talents.

On se souvient encore du reportage paru dans Ivoire Dimanche numéro 710 du 16 septembre 1984, de cet
illustre journaliste sur le Smurf-Break-Dance, une nouvelle vague de danse
venue des États-Unis et de son fer de lance en Côte d’Ivoire, Yves Zogbo Junior
qui deviendra plus tard une vedette du tube cathodique sur les bords de la
lagune Ebrié, a été le catalyseur de ce rythme américain qui n’était pas bien
vu par certains ivoiriens.

Son papier d’une rare qualité a permis de dissiper les doutes sur les
appréhensions que les uns et les autres avaient à l’égard de ce courant musical
venu du pays de l’oncle Sam.

Pluralisme politique et ouverture
médiatique pour le renouveau de la musique ivoirienne

En 1990, le vent venu de l’est après le discours de la
Baule prononcé par François
Mitterrand, ci-devant président de la république française, a bouleversé la
donne politique dans la plus part des pays Africains.

Ainsi donc les systèmes monarchiques appelés par euphémisme système
démocratique monopartite qui régnaient en main de maître à la tête de ces pays
du continent noir, depuis les indépendances, ont commencé à vaciller allant à
même à chuter sous les coups de boutoir des opposants.

La Côte d’ivoire n’a pas échappé à cette réalité. Et ce changement va entraîner
l’ouverture médiatique jusque là tenu par le pouvoir d’Etat.

Ainsi donc en 1990, le retour au multipartisme permet le pluralisme
d’expression. 187 titres font leur apparition sur le marché, paraissant
régulièrement ou épisodiquement en ce qui concerne la presse écrite.

Quand au
secteur de l’audiovisuel, il va enregistrer la venue de nouvelles chaînes de
radios commerciales telles que Radio Jam
qui après avoir obtenu sa licence en mars 1993 va émettre ses premières ondes
en 2000 et Radio Nostalgie, filiale de Nostalgie
International, reçue à Abidjan depuis le début des années 90.

Le
paysage audiovisuel ivoirien s’est donc enrichi avec de nombreuses stations
émettant en modulation de fréquence (FM).

Huit catégories : les radios privées
non commerciales ou radio de proximité (plus d’une centaine), les radios
rurales, les radios confessionnelles, les radios commerciales privées, les
radios écoles, les radios étrangères, les radios institutionnelles et les
radios d’état.

Des télévisions privées par Satellite et par ondes hertziennes comme Canal+ Horizon (qui compte plus de 40 000
foyers abonnés locaux) et les stations de son bouquet vont également inonder le
marché ivoirien.

Ce qui va donner plus d’opportunités aux artistes musiciens ivoiriens pour la
promotion de leurs œuvres musicales.
Une thèse que semble partager Parker Sacko, artiste rappeur et animateur sur Cocody
Fm 98.5, une radio de proximité émettant sur Abidjan et sa banlieue.

« Avant
nos aînés (il parle ici des artistes musiciens) étaient obligés de passer par
les canaux des médias étatiques pour faire leur promotion. Ce qui les laissait
à la merci des désidératas des responsables de ces organes de presse. Mais
maintenant avec l’ouverture partielle de l’espace audiovisuel, une panoplie de
choix s’offre aux jeunes artistes pour faire la promotion médiatique de leurs
albums
« ,
indique celui qui se fait appeler le meilleur de sa
génération.

Internet
comme un complément au développement de la musique ivoirienne

Depuis le développement d’internet en Côte d’Ivoire, de nombreux sites ont vu
le jour.

Le site le plus populaire est « Abidjan.net » qui
présente l’actualité ivoirienne et internationale à travers des articles et
caricatures des différents journaux de la Côte d’Ivoire (Economie, sport, culture,
politique, dépêche).

Cependant, il existe d’autres grands sites ivoiriens spécialisés dans la
culture et notamment le show-biz : « Abidjanshow.com » est le premier portail du show-biz ivoirien, on y retrouve des clips vidéos,
de la musique et des informations people.

On peut également citer UrbanPress
(l’un des sites les plus visités dans le domaine du show-biz), qui abonde dans
le même sens que le précédent site. 7

À ces sites en ligne qui font la promotion de la musique, il faut ajouter les
sites des artistes musiciens ou des groupes musicaux comme les « gaous magiciens » (Magic System) de Traoré Salif dit A’Salfo
et ses amis.

Le site leur permettant de donner leur actualité et les
informations sur leur carrière. Une manière de rester en contact avec leurs
fans et tous les promoteurs de spectacles malgré la distance qui les sépare
très souvent.

Les réseaux sociaux qui se sont imposés comme les médias alternatifs depuis un
certain temps, ne sont pas en reste.

Leur accessibilité à toutes les bourses,
leur facile utilisation et leur appropriation par un très grand nombre de
personnes, font d’eux de puissants canaux de diffusion.

Facebook, Twitter,
Youtube, Google + et autres sont aujourd’hui utilisés par bon nombre d’artistes
qui y font la promotion de leur album.

Une vidéo sur
Youtube ou sur Facebook a plus de portée qu’un clip sur une chaîne de
télévision. Un artiste comme Dj
Arafat décédé le 12 août 2019, a bâti une partie de sa renommée par le
biais de Facebook où il postait régulièrement ses vidéos de ses nouveaux pas de
danse ou de concepts musicaux.

La « viralité » de ce réseau social utilisé par plus de
1.500.000 ivoiriens, aidant, ces vidéos connaissent des succès plus qu’au delà
de l’imaginaire.

Les pages Facebook et les comptes Twitter des artistes sont aussi de puissants
moyens de communication et de promotions de leurs œuvres musicales.

L’exemple
du groupe Magic System est aussi épatant au édifiant. Avec 1.100 031 mentions
J’aime sur leur page
Facebook, cet ensemble musical qui a apporté plus d’un laurier à la Côte
d’Ivoire, fais passer régulièrement des messages à leurs fans avec lesquels,
ils interagissent tout le temps.

Une façon originale de tenir au chaud les fanatiques et de leur permettre
à avoir accès à une partie de la vie de leurs idoles dont ils n’ont pas
toujours pas accès.
Avec le web 2.0, la promotion des œuvres musicales devient encore plus facile
et à moindre coût. Une aubaine que les artistes ivoiriens exploitent à merveille.

Le domaine de la musique, de l’audiovisuel (vidéo-télévision-radio) et celui
des médias
constituent une source de revenus conséquents qui génèrent près de 1250 emplois
en Côte d’Ivoire avec un chiffre d’affaire minimal de 1,6 milliards de francs
CFA par an.

Ce qui fait dire à certains observateurs que la presse est à la musique ce que
le nectar est aux abeilles. C’est à dire un élément vital pour  son
épanouissement et sa promotion.

Et même si l’industrie de la musique en Côte d’Ivoire est depuis un certain
temps confrontée à une piraterie sauvage à grande échelle, n’empêche qu’elle
reste dynamique grâce à l’apport de des médias dans leur diversité.

Lire l’article original ici.

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RTI Info, chaîne digitale d'information du groupe de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne - RTI

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