Dans un milieu où les producteurs travaillent le plus souvent dans l’ombre, le musicien, compositeur, arrangeur et producteur est l’un des rares à avoir pris la lumière, s’illustrant comme une référence de la musique américaine, période seconde moitié du XXe siècle.
Il « s’est éteint paisiblement » à son domicile de Los Angeles en présence « de ses enfants, de ses frères et sœurs et de sa famille proche », a annoncé son attaché de presse Arnold Robinson dans un communiqué lundi.
« Bien qu’il s’agisse d’une perte incroyable pour notre famille, nous célébrons la grande vie qu’il a vécue et savons qu’il n’y en aura jamais aucun autre comme lui », a déclaré sa famille. « Grâce à sa musique et à son amour sans limite, le cœur de Quincy Jones battra pour l’éternité », a-t-elle ajouté.
« Ton âme est partie mais ton héritage continuera de briller », a salué le DJ français Bob Sinclar sur Instagram. « Avec toi, la vie swinguait, ça jazzait, tu étais la joie et le rythme, tu étais un génie! », a réagi sur X l’artiste de music-hall française Line Renaud, qui fit carrière outre-Atlantique dans les années 1960.
La vie du compositeur flirte avec les belles histoires de l’Oncle Sam: né en 1933 dans une ville de Chicago frappée par la Grande Dépression, d’une mère atteinte de schizophrénie et d’un père charpentier, Quincy Delight Jones Jr., de son vrai nom, croise à 11 ans un piano. C’est une révélation, la première note de sa vie d’artiste.
Dans ses mémoires, il qualifie sa rencontre avec Ray Charles de « bénédiction », tant cet aîné, avec lequel il fraya adolescent dans les clubs locaux, le guida dans l’apprentissage de la musique.
Peu à peu les collaborations s’enchaînent, le rythme devient effréné: Quincy Jones composent pour des chanteurs d’univers différents, travaille régulièrement avec Frank Sinatra.
– 28 Grammy Awards –
Son CV est déjà bien fourni quand il connaît le tournant définitif de sa carrière, en 1978, grâce à la rencontre avec Michael Jackson, qui cherche à explorer de nouvelles sonorités.
L’alchimie qui opère entre Jackson, Jones et l’ingénieur du son Bruce Swedien fait plus que des étincelles. Elle engendre les trois meilleurs albums du « King of pop »: « Off the wall » (1979), « Bad » (1987) et surtout « Thriller » (1982), l’album le plus vendu de toute l’histoire, à plus de 100 millions d’exemplaires.
Travailleur éclectique et acharné, Quincy Jones a mis sa patte à plus de 400 disques et a été récompensé de 28 Grammy Awards, accédant au statut de légende vivante.
Il fut par ailleurs en 1961 le premier Afro-américain à accéder à un poste de direction dans l’industrie du disque, en prenant la vice-présidence du label Mercury Records.
Quincy Jones avait également vécu dans sa jeunesse quelques années à Paris, où il s’était installé en 1957, fréquentant des jazzmen et vedettes de l’époque, de Charles Aznavour à Jacques Brel.
En 2014, il avait été fait commandeur des Arts et Lettres à Paris par l’ancien ministre de la Culture Jack Lang, qui avait loué ce « gardien de la tradition et annonciateur de nouvelles tendances ».
Prolifique en musique comme en famille – il eut sept enfants – « Mr. Q » comme était surnommé ce touche-à-tout, s’était également tourné vers la production de films (« La couleur pourpre » de Steven Spielberg, 1985) et de séries comme « Le prince de Bel-Air », qui révéla Will Smith.
Engagé, le producteur réussit à rassembler une panel de stars, de Bob Dylan à Bruce Springsteen en passant par Cyndi Lauper, pour la chanson caritative à succès « We are the world » (1985) enregistrée par le « supergroupe » « USA for Africa » et dédiée à la lutte contre la famine en Ethiopie.
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